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"When the lord made me, he made a ramblin' man"

29 juin 2015

T'as-été-à-Tahiti-ou-t'as-quitté-Quito ?

J’avais promis d’écrire, je ne l’ai pas fait depuis plus de trois mois. Désolée. J’essayais de trouver le sens profond de mon existence. Ou, comme philosophiquement déclaré samedi soir avant de me diriger vers Revolver, « I’m gonna go figure out my life with a lot of alcohol. » (Plot twist : ça ne marche pas, je n’ai réussi qu’à agresser un pauvre autrichien qui a eu le malheur d’avouer qu’il utilisait Tinder alors même que, sur le coup de 3h du matin, l’éthanol conférait à mes propos une acidité notoire. Et mordante.) (En même temps, quand on utilise Tinder, mérite-t-on mieux ?)

Bref. Je n’ai rien écrit. J’étais occupée à revivre Shanda en accéléré – remplace la Tsintao par la Bar Beer. Occupée à rencontrer le monde entier et le quitter trois jours plus tard. Occupée à faire encore et toujours plus de lessive. Mon expertise dans le pliage des draps housses peut dorénavant faire figure de compétence sur ce compte LinkedIn que, soyons réaliste, j’ai un peu laissé en friche depuis ma douce époque « marketing digital ».

Je l’aime, cette auberge de jeunesse, théâtre de mes égarements professionnels et de ma confusion linguistique. Ce n’est sans doute pas pour rien si, bien qu’en possession d’un Master en management international et maîtrisant 3 langues et demi, je me retrouve à étendre des taies d’oreillers et plier des serviettes à longueur de journée. Je l’aime parce qu’on m’y a accueillie à bras ouverts, qu’on m’y a donné quelque chose d’utile à faire et qu’on m’a gentiment laissé me perdre et me retrouver de la cuisine à la salle d’études.

Je l’aime, cette île qui ne sait pas trop ce qu’elle est, un peu comme moi. Je l’aime et je ne la perds pas de vue, jamais. Mais je vais m’en éloigner. Je m’en vais pour un temps franchir d’autres mers. Après réflexions, il est probablement sain pour ma santé mentale que je m’éloigne de l’Asie quelques mois, avant de ne plus l’aimer, ou plus réalistement avant d’écrire un livre intitulé « Yellow Fever, ou comment Tinder va ruiner ta vie de meuf occidentale qui n’a pas de longs cheveux noirs soyeux » (C’est un long titre, on est d’accord).

Et puis on le sait, j’ai du mal à rester en place. J’aime l’idée d’un nouvel endroit, l’idée « d’emmagasiner » de nouveaux endroits. Quito ou Tahiti, ça sonne comme des promesses. Après tout, je ne cesse de répéter que je voudrais me remettre à l’espagnol. Et puis bien avant la Chine & assimilés, mon premier rêve de voyage fut la Polynésie, avec Teïva, enfant des îles. Les possibilités sont infinies, c’est enivrant. J’ai l’impression d’être un enfant qui fait tourner un globe, arrête son doigt au pif et déclare « j’irai là ».

J’irai là. A Tahiti ou en Equateur. Aux Vanuatu et en Islande. En stop sur la Route de la Soie, en Transsibérien sur le Baïkal ou en radeau sur le Danube. Sur les rives du lac Nam Tso et au sommet du Kilimandjaro. Sur la Road 66, la Panamericana et le chemin de Compostelle. Au sommet d’Elephant Mountain avec la vue sur 101. Au milieu de Tian’anmen avec Mao en arrière plan. Sur les bords du Yang Tsé Kiang, sur Quancheng Guangchang, dans la clinique de Surmang, à Commerce, à Sainte Anne, sous la Grosse Horloge, dans les galets du Guerzit, avec Teïva, Orongo et la Petite Tailleuse Chinoise, partout, tout le temps, j’irai là. Et puis après tout ça, je reviendrai à Montréal dans un grand Boeing bleu de mer. Tous ces endroits qu’il me reste à visiter. Tous ces projets qui tremblotent aux extrémités de ma pensée.

Faut être jeune. 

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25 mars 2015

And may you stay forever young

« Meuf tu te rends compte qu'il y a des filles de notre âge qui sont mariées avec une maison et des gosses ? » me déclara Audrey en cette belle soirée, alors même que je lui parlais pêle-mêle de bière, de décolleté et de Brassens.

Il y a des filles de notre âge qui ne parlent qu’une langue. Il y a des filles de notre âge qui ont des plans de carrière. Il y a des filles de notre âge qui n’ont jamais pris d’avion, jamais attendu avec appréhension le tampon sur leur passeport, jamais pensé à traverser la planète entière pour les beaux yeux d’un presqu’inconnu. Grands dieux, que je les plains. Que je plains celles et ceux qui savent de quoi demain sera fait.

Vivre dans une auberge de jeunesse est la représentation de mon existence par excellence. Quand tu n’as que deux semaines pour rencontrer les gens, les aimer à la folie, les haïr de toute ton âme, boire avec eux jusqu’à en oublier ton nom, leur confier les moindres détails de ta vie, puis les quitter. Quand cette fille avec qui tu danses une heure est ta meilleure amie. Quand ce garçon à qui tu parles assise sur le trottoir à 4h du matin devient l’homme de ta vie. Auberge de jeunesse, là où les relations humaines sont réduites à leur essence la plus concentrée. Où il faut, en quelques jours, faire tenir une amitié entière. De celles qui durent pour toujours.

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Je n’ai jamais vécu avec autant d’intensité que depuis que j’ai débarqué sur cette île sans travail ni maison. Je me sens mieux en vivant sur un fil, à deux doigts de tomber à chaque pas, mais tellement fière de chaque avancée. Je me sens mieux car je ne dépends de rien et personne ne dépend de moi. Je suis libre à l’excès, et c’est enivrant. Précaire, peut-être, mais enivrant. Quand les gens vont et viennent, que les langages se mélangent dans une seule et même phrase, que l’on se reconnaît dans les paroles de Forever Young et It’s time, mais aussi malheureusement de Chandelier, qu’on en passe par des centaines d’états d’âme en une seule journée, alors, seulement, j’ai l’impression que ça vaut le coup.

Bleus aux genoux et gueule de bois.
Courbatures et manque de sommeil.
Emotions à fleur de peau, nuits blanches, instabilité géographique maximale.


« Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours
On les retrouve en raccourci
Dans nos petites amours d’un jour »

1 mars 2015

Le plus petit dénominateur commun

Quand l'avion a atterri à Roissy ce 9 janvier, il pleuvait. Il faisait nuit. Il était 6h du matin. Et mon lecteur mp3, qui a de l'humour et de la pertinence, a lancé Unité, de Nuttea. Une chanson qui se trouve là plus par nostalgie qu'autre chose, qui me rappelle Fun Radio et mes 11 ans, et dont je n'avais jamais vraiment écouté les paroles avec des oreilles de 25 ans. Elle a résonné, soudainement, avec une gravité que je ne lui connaissais pas. J'ai montré mon passeport au monsieur, et ai réintégré le territoire hexagonal. Le sentiment est toujours étrange. Le français dans ma bouche sonne faux, comme si j'essayais de jouer un rôle oublié. J'ai commandé mon café et mon croissant avec la certitude d'avoir le mot "expat" estampillé sur le front. 

Aucun sas de décompression, aucune réacclimatation possible. Il fallait être français, tout à coup, brusquement. Un "être français" qui ne signifiait plus vanter les mérites de mon vin à qui veut bien l'entendre à l'autre bout du monde puis ranger mon passeport dans un tiroir pour aller m'engoncer avec délice dans ma chaude neutralité d'expatriée, mais un "être français" qui signifiait assumer, pour une fois, ma nationalité, ma "république" morale, et les putains de valeurs qu'elle porte en étendard et qui sont miennes sans que je m'en rende toujours bien compte. Sortir de l'avion, et rentrer dans Roissy, le 9 janvier dernier, c'était rentrer dans la brutalité de l'actualité, dans la laideur du monde, la présence implacable de Vigipirate, l'effervescence de la presse. Être bombardé d'informations que l'on n'a plus l'indécence d'ignorer. 

Ignorer l'information, c'est un privilège d'exilé. Ignorer ce qui se passe en France car la France est loin. Ignorer ce qui se passe à Taïwan car je ne suis pas Taïwanaise. Me trouver des excuses pour rester à l'abri de l'hideuse actualité. C'est une forme de lâcheté, peut-être. Une façon de se préserver d'un monde sans cesse plus détestable et de se boucher les oreilles pour ne pas entendre les kalashnikovs.

Ce furent deux drôles de mois.

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Comme une sorte d'étrange sursis, un ultime sursaut rennais avant de larguer les amarres pour durée indéterminée. Ce ne fut pas désagréable. Soyons réaliste, ce fut même parfois franchement sympathique. Y'avait les copains, la famille, les pots de colle les plus adorables de toute l'histoire de la domestication féline. De la musique et des chansons d'avant. Y'avait la mer, le Pont de Morlaix, An Alouesten et Caplan & Co. Y'avait le Ty Anna, l'Atelier de l'Artiste, le Haricot Rouge et le Sablier. Des galettes saucisses et des pintes de Tri Martolod. Y'avait mes 19 ans dans les rues, mes 15 ans dans un lit, mes années Descartes, mes années Rennes 2, mes années éclées. Y'avait tout ce qui a constitué mon univers pendant une vingtaine d'années. Et tout ce qui ne le constitue plus vraiment. 

«Tu pars pour la vie en fait.
C'est quand la dernière fois qu'on s'est vu ? ... 2012 nan ? ... J'ai un souvenir de Bout du Monde 2008 ...
C'est quoi tes projets dans la vie à moyen et à long terme?
Tu dors ?
Mais c'est bon, moi aussi j'suis Charlie putain !
Et t'as une idée de ce que tu vas faire là-bas ou... ?
Et t'as pas de billet retour ? - C'est ça, mon billet retour.
"Je sais pas si on se reverra, ça ne sonnait plus comme avant..." »

Il y avait aussi un arrière goût bizarre, des questions auxquelles on ne veut pas répondre. Qu'est-ce qui fait qu'on est amis quand on ne se voit qu'une fois par an ? Qu'est-ce qui fait qu'on est compatriotes quand on ne se réunit dans les rues qu'une fois par siècle ? Quelles sont ces choses qui nous rassemblent, qui font qu'on se ressemble ? Chercher, fouiller, pour se trouver encore les plus minimes similitudes, les plus infimes atomes crochus, le plus petit dénominateur commun.

7 janvier 2015

Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente

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Je ne comprends pas le monde. Je veux dire, j’essaye, mais quand je vois ce qu’il s’y déroule, j’ai envie de pleurer, souvent. D’ailleurs, c’est ce que je fais, là, face à mon écran. Je voulais écrire un article léger, des vœux de bonne année, un au revoir à Taipei, mais je ne peux pas. Les mots se bloquent. Je ne sais plus quoi dire.

Les paroles s’envolent, les écrits restent, les balles se fichent dans les poitrines mais les dessins resteront. Dans ce monde de merde où tout ce que l’on a pour lutter contre la violence des armes et des idées extrêmes sont des crayons et des idées plus douces, sortons-les nos crayons, nos esquisses, nos claviers ! Et laissons-les pleurer.

Des fois, il n’y a rien de mieux à faire.

Et puis redressons la tête et rappelons-nous que malgré tout, il y a des gens qui y croient, un peu, parfois, à un monde meilleur. Qui croient, même si c’est souvent bien difficile, qu’un jour on arrêtera peut-être de tous se foutre sur la gueule parce que mon dessin était plus beau que le tien. Qui n’ont pas peur de le dire, et qui ont bien raison. 

Ca me rassure un peu quand je vois mon fil d’actualité Facebook empli de tous ces gens qui sont Charlie. Je me dis qu’on est pas encore tous fous. Moi aussi je suis Charlie, ce soir, depuis mon bout du monde. Je suis Charlie parce que même si c’est un cliché à deux sesterces, je crois à la liberté, putain ! Je crois à la possibilité de se moquer de son prochain sans risquer de se prendre une balle ! Je crois au jour où le prochain ripostera avec un crayon au lieu de riposter avec une kalachnikov. Je suis Charlie parce qu’apparemment, penser ça fait de moi une victime potentielle.

Alors soyons Charlie, tous autant que nous sommes, soyons Cabu, Wolinski et les autres. Soyons-en fiers, tant qu'on y est.

Et je vous préviens, j’ai un stylo, et j’ai pas peur de m’en servir.

 

Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort toujours recommencée
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Ô vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu ! laissez vivre les autres !
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas

6 décembre 2014

When I grow up, I wanna be 17

 

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A 2 ans, j’ai appris qu’un jardin se trouvait rarement au deuxième étage d’une maison. C’est pas faute de l’avoir cherché. J’ai appris que vouloir à tout prix déloger la balançoire à bascule de dessous l’étagère pouvait mettre en danger la vie des poissons rouges. J’ai quand même délogé la balançoire. J'ai appris que su'lpont du nord un bal y était donné.

A 3 ans j’ai appris que quand tu pars à la pêche à pieds dans les rochers et que tu pêches une moule, ça n’impressionne personne. Mais rien à foutre, j’ai quand même trouvé une moule. 

A 4 ans j’ai appris que si tu voulais te régaler de fruits d’automne, tu devais éviter le gland du chêne et le marron du marronnier, une leçon qui n’a pas de prix (et que dans le pire des cas, tu peux toujours te régaler de bananes). J’ai appris les routes de France, de nuit, dans la capucine du camping-car.

A 5 ans, j’ai appris à lire, et j’ai lu, j’ai lu, j’ai lu à n’en plus pouvoir et ne me suis plus jamais arrêtée. J’ai appris à chanter des chansons avec le P’tit Roi, Petit Souriceau et un écureuil en jupons sur la Colline aux Coralines.

A 6 ans, j’ai inventé des histoires, des forêts des Builtons peuplées de foudzingzongs, des pièces de théâtre digne de Shakespeare, des Vieilles Mémés, des vies trépidantes pour mes barbies.

A 7 ans, j’ai indéfectiblement lié ma vie aux Éclaireuses Éclaireurs De France, j’ai appris les nuits sous la tente, les chants autour du feu, les repas trappeurs, les courses dans la forêt. J’ai rencontré les meilleurs. Je suis sortie de France pour la première fois pour les beaux yeux du Parc Guell.

A 8 ans, j’ai appris à espionner mes voisins dans les règles de l’art avec l’aide on ne peut plus précieuse de Jenny, Rémy, Peter, Mathilde, Miranda, PP Cul Vert, et les 6 Compagnons au grand complet.

A 9 ans, j’ai rencontré l’homme de ma vie. Il s’appelait Kamo, et s’appelle toujours Kamo. Il est et restera mon plus grand amour. J’ai appris que les humains étaient mortels.

A 10 ans, je suis passée de l’autre côté du Parc des Hautes Ourmes et suis rentrée dans la cour des grands. J’ai rencontré Harry et Dumbledore, Bilbo et Gandalf, Lyra et Lord Asriel, les meilleurs compagnons de route qu’on puisse avoir à cet âge-là.

A 11 ans, j’en ai chié dans cette traversée des Pyrénées sur mes petites jambes de crevette, mais j’ai appris que manger cet infâme mélange lait en poudre & muesli à Troumousse ou Estaubé avait plus de classe que n’importe quel vrai petit dej pris à une table. J’ai mis pour la première fois les pieds à Bécours et y ai laissé un bout de mon âme.

A 12 ans, j’ai compris qu’un ado c’était souvent méchant. J’ai voulu devenir sorcière et j’ai cru fermement que les esprits poussaient le verre.

A 13 ans, j’ai mis les pieds sur une scène de théâtre et grands dieux, ça m’a fait du bien. J’ai appris qu’avoir le cran de s’exprimer devant un public pouvait m’aider à avoir le cran de m’exprimer tout court. J’ai vu Kyo en concert, mais j’assume. J’ai appris que les chats étaient mortels aussi.

A 14 ans, j’ai appris que si j’avais envie d’écouter Tryo ou Sinsémilia, je pouvais. Que si je voulais porter des robes par dessus mes pantalons, des 

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chaussettes à rayures et des perles dans mes cheveux, j’avais le droit. J’ai quitté les méchants ados du collège des Hautes Ourmes et me suis tirée chez René. J’ai lu Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise.

A 15 ans, j’ai appris à être extravertie, à faire des roues au plafond, à être amoureuse, à faire du lycée ma résidence secondaire. J’ai appris qu’on pouvait être fous d’amitié pour des gens vivant à plusieurs centaines de kilomètres. J’ai appris que des gens rencontrés sur Internet n’étaient pas forcément des psychopathes. J'ai décidé d'être rousse.

A 16 ans, j’ai pris l’avion pour la première fois. J’ai vu Venise, j’ai vu Prague. J’ai appris à manifester, à me méfier des CRS, à pas m’approcher trop près des lacrymos. J’ai appris que les amitiés changeaient avec les hormones.

A 17 ans, j’ai voulu être Rimbaud et ne plus jamais vieillir. J’ai appris que le Rond Catch était un jeu dangereux, et que les fractures du péroné faisaient somme toute assez mal. J’ai passé le bac et appris la fac. Je me suis rappelée de Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise et j’ai commencé le chinois.

A 18 ans, j’ai compris l’impact que pouvait avoir un livre. J’ai appris qu’une broncho-pneumopathie, une opération des dents de sagesse, les leçons de conduite, les chagrins d’amour ou les concours de Sciences-Po, c’était pas rigolo. J’ai chaussé mes lunettes, dégainé mon portable et suis douloureusement passée à l’âge adulte. J’ai pas aimé ça.

A 19 ans, j’ai voulu changer le monde depuis le Hall B. J’ai appris le goût du gin tonic et des cigarettes. Et puis surtout, surtout, à 19 ans, j’ai posé les pieds en Chine et scellé mon destin. J’ai rencontré Beijing, ce fut le coup de foudre.

A 20 ans, j’ai appris Tradutech et tout ce que ça implique. Et tous ceux que ça implique. J’ai bu trop de vin rouge devant Pinocchio. J’ai pris mes cliques, mes claques, et je suis repartie pour mon bout du monde. J’ai emménagé chambre 2324, Shanda, Jinan.

A 21 ans, j’ai vécu une histoire d’amour fusionnelle avec mon existence. Tout y était merveilleux. J’ai appris la vie magique d’étudiant étranger, les amitiés multilingues venues du monde entier, la possibilité que j’avais d’apprivoiser cette ville étrange et étrangère pour en faire mon chez moi.

A 22 ans, j’ai fait une erreur et ai appris à mes dépends ce que ça voulait dire d’être déracinée. J’ai appris qu’une fois de plus, ce seraient les éclés qui me sauveraient la vie. J’ai appris à organiser un festival. J’y ai rencontré quelqu’un de bien, je crois. J’ai découvert La Rochelle, et les escales interminables en Gare de Poitiers.

A 23 ans, j’ai appris que le Tibet existait en dehors de Tintin, et j’y ai trouvé un coin de paradis, haut perché. J’ai appris les rues de Nantes et les joies du MIFC. J’ai appris que mon instabilité géographique pouvait coûter très cher.

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A 24 ans, j’ai fait du marketing pour mon anniversaire. J’ai aussi appris à survivre au huoguo et à l’accent de Chongqing. J’ai appris qu’un mail de 4 lignes pouvait faire des miracles. J’ai réappris Jinan. J’ai traversé le détroit pour m’en aller découvrir la Ilha Formosa. J’ai appris qu’être employée de bureau, c’était cauchemardesquement chiant.

Je ne sais pas encore trop ce que je vais apprendre à 25 ans, mais j’ai hâte d’y être.

 

(Sinon j'aurais trop kiffé mettre une photo de moi à chaque âge, mais j'en avais pas, alors vous vous contenterez d'un aperçu incluant mes yeux d'hallucinée à 2 ans, mes cheveux roux à 15 ans et ma taïwanaise personne à 24 ans.)

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14 novembre 2014

Roots before branches

J’aurais voulu que les gens dans le métro arrêtent de faire comme si de rien n’était. Ou qu’ils se mettent à chanter Se Canto. Quelque chose. N'importe quoi. Il m’aurait paru normal que le monde s’arrête de tourner, car Pascal Lartigue et son talkie faisaient tourner le monde, et que Pascal Lartigue n’était plus.

Et puis je me suis dit que Pascal ne faisait probablement pas tourner le monde. Juste Bécours. Et que Bécours, apparemment, n’était pas le monde. Le centre du monde, je ne dis pas, mais le monde, vraisemblablement, non.

Voilà. Voir ça comme ça, au réveil, et puis se dire qu’un monde où les Pascal Lartigue sont mortels, c’est quand même un peu moche. Et que ça me laisse un vague goût de culpabilité dans la bouche, quand je réalise que je ne suis pas allée à Bécours depuis 6 ans. J’ai plus le temps d’aller à Bécours depuis que je vais en en Chine, semble-t-il. J’ai troqué le Hameau pour les métropoles asiatiques.

Je ferais bien l’échange inverse, ce soir, ceci dit. Juste pour quelques jours, quelques chansons, quelques verres. M’éloigner un instant de Taipei qui transite vers l’hiver, des pots d’échappements, des chauffeurs de taxis qui ne connaissent pas le concept d’angle mort, de la souris qui a décidé de devenir notre quatrième coloc. Retrouver le causse, Tattone, le Bar à Thym, la calade, les dromadaires et le bord du ravin, au bout du terrain, où la vue est si belle. Retrouver cet endroit qui m’a toujours accueilli à bras ouverts et que j’ai salement délaissé pour un bout du monde plus exotique où seul mon sweat-shirt EEDF m’empêche de passer du côté obscur de la force.

Renfiler mon foulard et aller retrouver ces personnes, accords de guitares et sensations qui après réflexion me paraissent beaucoup plus réels et sensés que LinkedIn et le droit des affaires. Ca paraît évident, dit comme ça... C'est dommage qu'il faille un décès pour s'en souvenir.

Becours

 

9 septembre 2014

Sous le soleil des Tropiques

Nous sommes le 9 septembre, et aussi fou que cela puisse paraître, je commence à voir fleurir de-ci de-là sur Internet des articles louant à grands cris le retour imminent de l'automne, en mode "Owi les feuilles commencent à tomber des arbres et Starbucks sert des Pumpkin spice lattes dans tous les sens youplaboum"

Je souhaite donc contrebalancer cette détestable tendance lancée par des gens non moins détestables qui d'ici un mois vont avoir la chance inestimable de PORTER UN PULL, en vous faisant part de mon opinion personnelle. J'ai toujours adoré faire part de mon opinion personnelle, quel que soit le sujet, donc au fond ceci n'est probablement qu'un prétexte. 

Ici, dans cette délicieuse petite île tropicale qu'est Taïwan, ce n'est clairement pas du tout, du tout, du tout, DU TOUT bientôt l'automne. C'est même très franchement l'été. Bon, là il va bien se trouver un rageur pour grommeler dans son coin "Ouaaais, bon et de quoi elle se plaint elle ? C'est l'été, elle a de la chance, ici il pleut, grmblblblblbl." Ma réponse est la suivante : J'ÉCHANGE MON ÉTÉ CONTRE TON AUTOMNE QUAND TU VEUX GROS, et je te laisse même le Pumpkin spice latte en prime. Et ici aussi, il pleut.

Bon voilà, l'été, jusque là, j'avais rien contre. C'est dur d'avoir quelque chose contre l'été quand on est bretonne. C'est comme avoir quelque chose contre les fées ou les licornes. On sait pas trop trop si ça existe en vrai, mais ça a l'air super gentil quand même, nan ? Et puis ensuite, j'ai découvert que l'été "Bretagne" et l'été "Tropique du Cancer", malgré leur goût partagé pour un taux d'humidité élevé, différaient sur plusieurs points.

Alors OUI, c'est sympa les palmiers le long de la route, les cascades dans la jungle et les mangues fraîches toute l'année. Mais bon moi, souvent, quand je sors de chez moi, j'ai l'impression d'entrer dans le hammam du LU. Sauf que ça sent pas trop trop l'eucalyptus. Ca sent les pots d'échappement de tous ces connards de scooters anarchistes. Ni dieu, ni maître, ni code de la route. Je m'égare. J'aimerais bien, une fois de temps en temps, sortir de chez moi et constater qu'il fait plus froid dehors que dedans, mais je dois être exigeante. L'autre jour, j'ai demandé à ma collège taïwanaise quand est-ce que ça allait commencer à se rafraîchir, et elle m'a répondu que rien n'était moins sûr et que parfois, fin octobre, il faisait encore 30°C. J'ai failli pleurer. Puis je me suis dit que si je pleurais, j'allais encore aggraver cet état de déshydratation dans lequel mon organisme se trouve indubitablement, avec tous les litres de sueur que j'ai perdu depuis mon arrivée.

En France, comme dans tout pays agréablement tempéré, tout un chacun essaye de s'épargner les auréoles de sueur sous les bras. L'avantage à Taïwan, c'est que des auréoles de sueur sous les bras sont bien le cadet de tes soucis, dans la mesure où généralement après cinq minutes de marche dans la rue ton tee-shirt est à essorer, ton visage dégouline ostensiblement et tu transpires même des genoux. Pour pallier cette grande déshydratation généralisée, et éviter que la population taïwanaise ne se présente exclusivement sous une forme lyophilisée, sache que les averses de catégorie mousson dégénérée sont là pour te réhydrater intensément, régulièrement, et ce surtout quand tu n'as pas ton parapluie sur toi. 

Bref, l'idée de fond c'est : j'ai chaud, le soleil est méchant, ça brûle, mes mains sont perpétuellement frippées comme si je sortais de la douche, mon bronzage n'a plus aucun sens (la marque du short el le camaïeu de traces de bretelles et de profondeurs de décolletés en fonction du tee-shirt, c'est hype).  La simple idée de porter un tee-shirt à manches longues me donne des sueurs froides. Enfin, des sueurs chaudes. Enfin de la sueur quoi. COMME D'HABITUDE. Y a-t-il une température  au delà de laquelle le corps humain fond ? Non, sérieusement ?

Mais tout va bien. Je m'habitue. L'autre jour, alors que j'arpentais le port de Keelung sur le coup de 19h, les yeux perdus dans les flots (et les bucoliques porte-containers) sur lesquels tombaient la nuit, je me suis dit "Houuu, ça se rafraîchit, j'aurais du prendre une veste !" Puis j'ai levé la tête, et sur l'un des immeubles se trouvaient un écran indiquant la température. Il faisait 29°C.

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(Cette photo est là pour illustrer l'omniprésence solaire)

(Pourquoi à chaque fois que je me dis "Je vais écrire un article pertinent sur Taïwan et sa magie", je me retrouve à raconter des conneries ?)

10 août 2014

Taïwan, l'ancienne Formose, s'écoule en mes nuits diluviennes

Quand on se met à étudier le chinois, il y a des choses que l'on nous apprend, et d'autres que l'on ne nous apprend pas. Je suppose que c'est la même chose quand on se met au français. On apprend la France, la culture française, l'histoire française. On étudie l'épicentre, pas les dégâts collatéraux.

Quand on se met à étudier le chinois, on étudie l'histoire de Chine. On voit défiler les dynasties, les empereurs. On apprend que Qin Shi Huang était un peu cinglé, mais que Kangxi et Qianlong étaient sages et respectés. On apprend Confucius. On apprend que les japonais sont, quand même, il faut se le dire, rien qu'une belle bande d'enfoirés. On apprend que Mao a fait un certain pourcentage de bonnes choses, et un certain pourcentages de conneries, même si personne n'est trop trop d'accord sur les pourcentages en question. Parce que oui, certes, réunifier la Chine, c'était grandiose, mais bon le Grand Bond en Avant et la Révolution Culturelle, c'était un peu borderline quand même... Et on apprend, surtout, surtout, que même si Mao était un narcissique paranoïaque et dérangé, c'était pas lui le pire.

Toutes les histoires ont leur méchant, et la Chine a le sien. L'ennemi héréditaire, le vilain, celui ont on ne doit pas prononcer le nom. Chiang Kai-Shek. L'infâme Chiang Kai-Shek. C'est lui le tyran, le droitiste, le riche, le corrompu. C'est lui le Massacre de Shanghai, lui le pillage des richesses de la Cité Interdite. C'est lui, le grand salaud de l'histoire de Chine.

Quand on se met à apprendre le chinois, on n'apprend pas qu'une langue, on apprend un point de vue. 

Derrière chez moi, à Taipei, il y a le Mémorial de Chiang Kai-Shek. Un bâtiment blanc au toit de tuiles bleues, massif et imposant. Hier soir, je suis allée m'y promener, et je me suis sentie un peu coupable, quand même. Un peu coupable de me balader comme ça autour d'un monument qui honore le méchant. Je me suis demandée ce que Mao Yeye, Zhou Shushu et Lao Zhu allaient penser de moi. Parce que quand même, putain, j'ai trahi la Mère Patrie ! J'ai vendu mon âme pour un peu moins de pollution et des gens qui font la queue pour rentrer dans le métro ! Pour un pays où on laisse voter le bas-peuple (qui n'y connait rien) et où, comble du comble, on ne déteste MÊME PAS les japonais ! 

Autant vous le dire, je suis foutue. Je ne pourrai plus jamais regarder dans les yeux ce portrait de Mao sur Tian'anmen. Je suis pire que Lin Biao. 

Mais je me console en me disant que quelque part, Sun Yat-Sen est sûrement fier de moi. Ça compense. 

19 juillet 2014

J'ai peuplé mes rêves d'enfant de tous les parfums d'océan

Je suis partie pour Xiamen après une véritable nuit Shanghaienne, un peu comme tu te les imagines dans tes rêves les plus fous, avec pleins de décibels, des expats qui se trémoussent et des gins tonic gratuits. Je suis partie et pour 40 kuais supplémentaires, je me suis offert le luxe d’un train rapide, un qui ne met que 8h30 à gagner Xiamen, contre 26h pour la version lente à 40 kuais de moins.

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Xiamen, c’est plus respirable que Shanghai, même s’il y fait toujours une chaleur d’apocalypse. Le ciel y est bleu, le vent souffle et les rues sont bordées de palmiers. Et puis surtout, Xiamen c’est la mer. Et moi, la mer, j’ai du mal à vivre sans. En Chine, je dois toujours apprendre à survivre plusieurs mois d’affilée sans son parfum de sel, mais c’est jamais de gaité de cœur. Ce pays n’a pas la culture de la mer, les chinois ne sont pas des marins, ils préfèrent vénérer des montagnes. Les montagnes, c’est bien, mais la mer, c’est quand même un peu mieux. Et un peu moins truffé d’escaliers casse-gueule.

Xiamen a régulièrement été volée aux chinois fut un temps, et ça se ressent dans l’architecture. Aujourd’hui, les locaux ont réinvesti à leur sauce tous les vieux bâtiments coloniaux, donnant au vieux centre un charme inimitable où les édifices art déco se parent de caractères en néons clignotants dans des odeurs de poisson séché. Et le vent marin souffle un air d’aventure sous les arcades.

Xiamen, c’est déjà un peu Taïwan, l’influence formosane est palpable. Dans la nourriture, dans l’accent, dans les caractères traditionnels qui se manifestent un peu partout. Les Taïwanais, c’est un peu les frangins, même s’il faut un visa en acier trempé pour aller leur rendre visite. Moi, pour Taïwan, j’ai pas besoin de visa. La beauté des relations diplomatiques…

A quelques centaines de mètres de la côte, il y a l’île de Gulang Yu, qui se paye le luxe d’être réputée dans toute la Chine. Alors forcément, les touristes chinois y abondent comme seuls savent abonder les touristes chinois. J’ai déniché l’auberge de jeunesse la plus éloignée du village que possible, là où il n’y avait personne. Ca ressemblait plus à un squat dans l’appart mal rangé d’un pote qu’à une auberge. Y’avait des tas de trucs qui trainaient, des bouteilles de bière vides, des kayaks en bordel, des vieux livres, des chats, des canapés éventrés. C’était bien, du coup.

L’île est interdite aux voitures, alors l’île ne sent pas les pots d’échappements. Le soleil qui la chauffe à blanc fait ressortir les odeurs d’herbe sèche,

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d’aiguilles de pin, de fleurs. Et l’odeur de la mer. Ca fout un coup dans le cœur de ma foutue mémoire olfactive. Ces odeurs là, je ne les attribue pas à la Chine. La Chine sent l’humidité, la pollution, la nourriture. Ces parfums de nature en été, c’est le chemin qui descend au Guerzit par les escaliers. C’est l’odeur du temps calme à l’ombre en camp éclé. Drôle de sentiment… Premier bain de mer de l’année dans cette atmosphère décalée : les arbres bruissent doucement, le soleil tape, la mer est facilement à 25°C, et en face de moi se dressent les buildings sur la côte de Xiamen. Je ne veux même pas connaître le taux de pollution de cette eau, laissez-moi profiter de cette bulle paisible au beau milieu de ce pays effréné.

Nous sommes le 19 juillet, il est 11h50, et dans quelques heures je vais prendre le bateau. Pas n’importe quel bateau : le ferry qui fait la liaison entre Xiamen et les îles Jinmen. A deux kilomètres des côtes chinoises, les îles Jinmen, longtemps base militaire et sujet de conflit, appartiennent à Taiwan. Dans quelques heures, on va tamponner « Sortie » sur mon visa chinois, puis les autorités taïwanaises m’octroieront un séjour de trois mois à Formose. Je vais quitter la Chine que je connais, celle que j’ai consciencieusement apprivoisée depuis toutes ces années, pour gagner un pays dont je ne connais pas grand chose, à part la langue. Une autre culture. Une autre monnaie dont je n’ai aucune notion. Un autre système d’écriture. Une autre Chine. L’inconnu m’attend de l’autre côté du détroit.

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11 juillet 2014

这是我的翡翠城

Il y a quelque chose d’indéfinissablement agréable dans le fait de n’habiter nulle part, même si ce n’est que pour un mois. Dans le fait de n’avoir pas d’adresse. Je ne suis plus à Chongqing, pas encore à Taiwan, je ne suis plus nulle part depuis le 1er juillet dernier, et balade mes 20 kilos de bagages de chambre d’hôtel en train couchettes, sans oublier les divers canap’, chambres d’amis et moitiés de lits. J’ai laissé ma dernière maison et n’en ai pas encore de nouvelle. Je me promène.

Quand mon avion a décollé de Chongqing, ça ne m’a pas rendue triste. Je suis partie au bon moment. J’avais pas mal d’amis, j’ai passé beaucoup de bons moments, mais je n’en étais pas encore au stade où l’on s’attache et où partir fait mal. Je suis partie satisfaite, contente de ces deux mois et demi sur les rives du Yang Tsé Kiang. J’en garderai un bon souvenir. Je peux désormais prononcer la phrase "Nan mais, vous savez pas ce que ça veut dire 'pimenté', vous..." sur un ton condescendant. Et je sourirai dorénavant à la vue d’un frisbee. La magie de Couchsurfing…

Quand mon avion a plongé dans l’épaisse couche de brouillard pour atterrir, par contre, mon cœur battait à 250 à l’heure. Jinan. Sortir de l’aéroport, monter dans la navette, avoir l’impression de savoir où l’on va. Monter dans un taxi et prononcer les mots magiques, répétés tant et tant de fois à l’époque où Jinan était la maison : "山大新校,南门儿"*. Me retrouver dans ce quartier était très bizarre et pourtant très naturel. Comme écouter une chanson que l’on adorait et que l’on n’a pas écoutée depuis longtemps. Comme remonter sur des skis ou un vélo après des années sans pratique et réaliser que l’on sait encore comment faire. On m’avait dit que Jinan avait changé. Tant mieux, car tout change. Le plus bizarre, en fait, ce n’est pas ce qui a bougé mais ce qui au contraire est resté pareil. Car dans ces choses là on ne voit que le passé. Jinan a changé, Jinan a bougé, mais Jinan est encore chez moi et le sera toujours. Car Jinan est probablement la seule ville au monde où, quelque soit la date à laquelle je m’y pointe, je me retrouverai à manger des fengwei qiezi et chanter du Brassens avec des québécois, des chinois et une américaine. Accent québécois & aubergines caramélisées : le duo gagnant, la base sur laquelle repose toute soirée jinanaise digne de ce nom, activité hautement extatique à laquelle j’aspirais fougueusement depuis deux ans et demi. (J’ai des valeurs bizarres mais chut.) Ces 48h m’ont fait beaucoup sourire, et m’ont rappelé à quel point les jinanais étaient adorables et bavards… J’avais oublié ce détail.

Comme pour souligner encore plus intensément la susdite adorabilité des jinanais, j’ai décidé d’enchaîner sur la ville de Chine où se trouve la plus grande concentration de relous râleurs au kilomètre carré. Shanghai, sa foule pressée, sa grisaille-mélasse et ses expatriés arrogants. J’aurais pu aller prendre des photos de Pudong depuis le Bund. J’aurais pu aller visiter le musée des affiches de propagandes. J’aurais pu aller me promener du côté de Xiaonanmen. Mais non. J’ai dépensé plein d’argent dans des fringues de secrétaire aigrie, j’ai accompagné Anaïs à l’hôpital pour une crise d’urticaire et j’ai cherché la réponse aux questions existentielles que sont : "Pourquoi le site LastMinute est-il une sale traînée ?" et "Combien coûte le kilo de bagage supplémentaire sur Mandarin Airlines ?", de l’aéroport de Pudong aux bureaux de China Airlines (dont l’hôtesse d’accueil n’a pas du avoir les meilleurs résultats à son gaokao). Autant d’activités réjouissantes qui me prouvent une fois de plus que si Beijing est merveilleuse, Shanghai est une pimbêche aigrie. Ceci dit, j’essaye de me forcer à passer quelques jours à Shanghai de temps à autres, ça me fait relativiser sur tout le reste de mon existence. Pour information, le kilo de bagage supplémentaire coûte 18 NTD. Quant à savoir pourquoi c’est tous des rats chez LastMinute, le suspense reste entier, mais je parierais pas une fortune sur les résultats au gaokao du créateur de ce site.

Au prochain épisode de mes pérégrinations : de Xiamen à Jinmen, la fin d’une ère chez les communistes et le début d’une autre on the free side of the detroit. Peut-être que dans l'épisode en question, mon banquier cessera d'être en vacances et répondra à mes mails. Mais rien n'est moins sûr.

* "Nouveau campus de Shanda, porte sud". Pour le titre de l'article, voir la chanson Les cités d'émeraude, de Syrano !

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