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"When the lord made me, he made a ramblin' man"
19 juillet 2014

J'ai peuplé mes rêves d'enfant de tous les parfums d'océan

Je suis partie pour Xiamen après une véritable nuit Shanghaienne, un peu comme tu te les imagines dans tes rêves les plus fous, avec pleins de décibels, des expats qui se trémoussent et des gins tonic gratuits. Je suis partie et pour 40 kuais supplémentaires, je me suis offert le luxe d’un train rapide, un qui ne met que 8h30 à gagner Xiamen, contre 26h pour la version lente à 40 kuais de moins.

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Xiamen, c’est plus respirable que Shanghai, même s’il y fait toujours une chaleur d’apocalypse. Le ciel y est bleu, le vent souffle et les rues sont bordées de palmiers. Et puis surtout, Xiamen c’est la mer. Et moi, la mer, j’ai du mal à vivre sans. En Chine, je dois toujours apprendre à survivre plusieurs mois d’affilée sans son parfum de sel, mais c’est jamais de gaité de cœur. Ce pays n’a pas la culture de la mer, les chinois ne sont pas des marins, ils préfèrent vénérer des montagnes. Les montagnes, c’est bien, mais la mer, c’est quand même un peu mieux. Et un peu moins truffé d’escaliers casse-gueule.

Xiamen a régulièrement été volée aux chinois fut un temps, et ça se ressent dans l’architecture. Aujourd’hui, les locaux ont réinvesti à leur sauce tous les vieux bâtiments coloniaux, donnant au vieux centre un charme inimitable où les édifices art déco se parent de caractères en néons clignotants dans des odeurs de poisson séché. Et le vent marin souffle un air d’aventure sous les arcades.

Xiamen, c’est déjà un peu Taïwan, l’influence formosane est palpable. Dans la nourriture, dans l’accent, dans les caractères traditionnels qui se manifestent un peu partout. Les Taïwanais, c’est un peu les frangins, même s’il faut un visa en acier trempé pour aller leur rendre visite. Moi, pour Taïwan, j’ai pas besoin de visa. La beauté des relations diplomatiques…

A quelques centaines de mètres de la côte, il y a l’île de Gulang Yu, qui se paye le luxe d’être réputée dans toute la Chine. Alors forcément, les touristes chinois y abondent comme seuls savent abonder les touristes chinois. J’ai déniché l’auberge de jeunesse la plus éloignée du village que possible, là où il n’y avait personne. Ca ressemblait plus à un squat dans l’appart mal rangé d’un pote qu’à une auberge. Y’avait des tas de trucs qui trainaient, des bouteilles de bière vides, des kayaks en bordel, des vieux livres, des chats, des canapés éventrés. C’était bien, du coup.

L’île est interdite aux voitures, alors l’île ne sent pas les pots d’échappements. Le soleil qui la chauffe à blanc fait ressortir les odeurs d’herbe sèche,

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d’aiguilles de pin, de fleurs. Et l’odeur de la mer. Ca fout un coup dans le cœur de ma foutue mémoire olfactive. Ces odeurs là, je ne les attribue pas à la Chine. La Chine sent l’humidité, la pollution, la nourriture. Ces parfums de nature en été, c’est le chemin qui descend au Guerzit par les escaliers. C’est l’odeur du temps calme à l’ombre en camp éclé. Drôle de sentiment… Premier bain de mer de l’année dans cette atmosphère décalée : les arbres bruissent doucement, le soleil tape, la mer est facilement à 25°C, et en face de moi se dressent les buildings sur la côte de Xiamen. Je ne veux même pas connaître le taux de pollution de cette eau, laissez-moi profiter de cette bulle paisible au beau milieu de ce pays effréné.

Nous sommes le 19 juillet, il est 11h50, et dans quelques heures je vais prendre le bateau. Pas n’importe quel bateau : le ferry qui fait la liaison entre Xiamen et les îles Jinmen. A deux kilomètres des côtes chinoises, les îles Jinmen, longtemps base militaire et sujet de conflit, appartiennent à Taiwan. Dans quelques heures, on va tamponner « Sortie » sur mon visa chinois, puis les autorités taïwanaises m’octroieront un séjour de trois mois à Formose. Je vais quitter la Chine que je connais, celle que j’ai consciencieusement apprivoisée depuis toutes ces années, pour gagner un pays dont je ne connais pas grand chose, à part la langue. Une autre culture. Une autre monnaie dont je n’ai aucune notion. Un autre système d’écriture. Une autre Chine. L’inconnu m’attend de l’autre côté du détroit.

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Commentaires
J
Et maintenant que le vent d'Est t'a gentiment emporté sur ses ailes pour te déposer délicatement sur les plages tropicales de Formose, eh bien nous on n'en veut des z'articles sur Formose, les taïwanais, Taipei, et tout et tout. Du détail du croustillant, de l'exotisme que diable
S
L'influence formosane ? formosienne ? formosianiste ? formoisette, c'est joli aussi...<br /> <br /> En tout cas, j'aime mieux Formose que Taiwan. Dans Formose, il y a un je ne sais quoi de paisible et de coloré...Alors que Taiwan, je vois ça un petite peu trop vertical et économique.
V
merci de toutes ces nouvelles ma chérie . envoie quelques photos de ton "chez-toi" lorsque tu seras installée Biz mamie
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