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"When the lord made me, he made a ramblin' man"
26 juin 2014

Ce n'est pas un mythe, la vie est belle dans ses tourments...

J’ai un tout petit problème avec le fait de regarder des séries à un rythme raisonnable. Ou bien peut-être que, tout simplement, ma conception du raisonnable diffère subtilement de la votre (sauf de celle d’Audrey, je le sais, je le sens). 4 saisons en 2 semaines, c’est raisonnable, non ? Tout ça pour dire que : je suis farouchement désolée pour ma très extrême improductivité bloguesque, je regardais Shameless. Je regardais même BEAUCOUP Shameless. Shameless est terminé jusqu’en janvier prochain, je suis triste, désoeuvrée, je me vautre dans ma détresse, j’écris donc quelque chose sur ce blog. Ne me remerciez pas.

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Je n’ai même pas écrit sur mon séjour à Beijing. En même temps, je serais bien incapable d’écrire quoi que ce soit sur Beijing sans tomber dans une vaste soupe d’hyperboles. J’aime Beijing car Beijing n’a jamais été la maison. Beijing est la ville où l’on s’enfuit quand la maison est trop morne, trop pluvieuse, trop insipide. Beijing est l’escapade, la ville magique où tout est toujours fantastique puisque rien n’y dure jamais. A Beijing, je bois du champagne au Vics, traverse la ville entière pour des jiaozi, bois un jus d’orange avec un moine tibétain, chante Whitney Houston au KTV, tourne les moulins à prières du Temple des Lamas, déambule sans but et sans mobile dans les hutong et me goinfre de nachos, de barbecue coréen ou de canard laqué. Tout comme fut un temps, il y a déjà quelques ères de cela, j’y volais les décorations de Noël du site olympique ou y faisais péter des feux d’artifices en pleine nuit sur un lac gelé. Tout y prend des allures de fête.


Où que je sois en Chine, mes virées à Beijing ont toujours eu l’avantage merveilleux de me faire décompresser, et de me permettre de mieux apprécier la maison à mon retour. (Certes, c’était plus facile quand la maison c’était Jinan et qu’atteindre Beijing mettait 3h au lieu de 24…) Comme une parenthèse dans la réalité. J’espère, en mon for intérieur, ne jamais habiter à Beijing , qu’elle ne devienne jamais le quotidien, qu’elle soit toujours la ville magique où rien n’est impossible.

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Les deux derniers paragraphes contiennent très exactement 10 fois le mot Beijing. Si vous ne voyez pas où je veux en venir.

Ces quelques jours dans ma capitale préférée (où les gens parlent avec un accent normal) m’ont permis de réaliser qu’effectivement j’avais un quotidien à Chongqing, et que je commençais même à bien l’aimer. J’aime bien l’escalier et les bosquets de bambous qui grimpent à Songlinpo. J’aime bien descendre ledit escalier pour aller acheter des brochettes au shaokao et remonter les manger devant une série. J’aime bien les déjeuners du jeudi à Jiefangbei avec Teddy. J’aime bien Shapingba, le nom de mon quartier. J’aime bien le frisbee du samedi avec les CSers. J’aime bien marcher sur le campus jusqu’à la terrasse d’où il y a une vue sur le fleuve Jialing. J’aime bien chanter des chansons pour enfants avec Lina. J’aime bien les huoguo et les malatang saturés de piment. J’aime bien les eaux boueuses du Yang Tsé Kiang. J’aime bien Chongqing, mais je m’en vais quand même.

 

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Ca pourrait être triste, mais ça ne l’est pas. Je suis trop excitée par ce qui m’attend pour être triste de partir. Avant de gagner la isla formosa, quelques escales m’attendent. La première, après près de 2 ans et demi d’absence et de nostalgie, se fera à Jinan. J’ai un billet d’avion qui l’atteste. Qu’y a-t-il encore à Jinan qui vaille le coup d’être visité ? Je n’en sais rien, et je m’en fous. I’m going home. 我要回家。Et tant mieux si la ville a bougé, tant mieux si la ville à changé, tout mieux si rien n’est constant, cela fait trop longtemps que Jinan est pour moi un sanctuaire immuable. Il est temps qu’elle redevienne une ville en mouvement, où même aujourd’hui, en 2014, je peux marcher, rire, faire la fête, vivre. Il est temps de conjuguer à nouveau Jinan au présent. Car les quelques jours passés nous le prouvent volontiers : il n’est rien qui soit obligé de rester figé. Et je lève mon verre de thé au jasmin à cette prise de conscience.

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Commentaires
V
C'est bien d'avoir plusieurs "chez soi"... Bisous Mathilde !
J
As tu finalement réussi ton pari : à savoir, après ce court séjour à Chongqing avoir l'impression de quitter ton chez toi ?<br /> <br /> Si oui alors tu commences à avoir un stock de "chez toi" qui devient conséquent ;)<br /> <br /> Prochain à construire : Taiwan. <br /> <br /> Au final ton chez toi pourrait bien être l'Asie finalement ! Who knows ?
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