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"When the lord made me, he made a ramblin' man"
2 juin 2014

Se plaire à déchirer les plans, prendre au premier tournant

Je sais pas comment ça se fait, c’est le genre de trucs qui m’arrivent toujours. Les histoires qui commencent généralement par un « On a qu’à prendre ce chemin, il a l’air tranquille… », « Si si j’te jure la route continue de l’autre côté de la rivière ! » et autres « Il doit y’avoir une belle vue de là-haut… »

D’anodines phrases qui, alliées à ma parfaite absence de sens de l’orientation et à une perception du danger qui se réduit à une notion assez floue quand j’ai les pieds sur le sol chinois, donnent toujours lieu à des situations rocambolesques incluant généralement beaucoup de boue, des forêts inextricables, une grande quantité d’insectes, un glissement de terrain et une foultitude de montagnes. Et qu’est-ce qui ressemble plus à une montagne que la montagne d’à côté ? Je vous le demande.

C’est une question qu’en l’occurrence les touristes chinois se posent assez peu. Pourquoi se préoccuper de la montagne d’à côté, puisque ce n’est pas elle qui est indiquée dans le guide ? C’est absurde, on va quand même pas s’abaisser à crapahuter sur n’importe quelle montagne qui n’aurait pas au préalable été goudronnée et signalisée. On est pas des sauvages que diable. La montagne du guide est donc généralement recouverte d’échoppes, de chemins balisées, et plus généralement de touristes, à plus forte raison un dimanche. C’est la foule. Et je laisse à vos cerveaux débridés tout le loisir d’imaginer à quoi peut bien ressembler une foule dans le pays le plus peuplé du monde. Arrêtez-vous avant de faire des cauchemars.

Ce joyeux dimanche à la campagne avait commencé par un bien trop grand nombre d’heures de bus, et nous craignions fortement qu’il ne consiste qu’en une foule de touristes en chaussures à talons avides de selfies flous avant de se terminer par un autre bien trop grand nombre d’heures de bus. Le moment idéal pour prononcer la phrase magique : « ON A QU’À PRENDRE CE CHEMIN, IL A L’AIR TRANQUILLE. »

Armées de notre pique-nique et de notre foi extrême en notre capacité à rebrousser chemin au moment opportun, nous nous engageâmes donc dans ledit chemin, qui à cet instant était encore effectivement tranquille, et ne s’apparentait pas encore au GR20 avec plus de bambous. Le problème du moment opportun, c’est qu’on n’est jamais vraiment certain qu’il soit opportun. Ne risque-t-il pas d’être encore plus opportun dans 500 mètres ? Ce serait dommage de faire demi-tour sans avoir vérifié… Et c’est ainsi que débutent les grandes aventures, les randonnées imprévues et les dimanches à la campagne qui se transforment en mission impossible.

 

Les pieds dans la boue, on allait quand même pas faire demi-tour, on avait marché qu’une heure.

Arrivées au grand champ de verdure où le chemin se perdait, on allait quand même pas faire demi-tour, le chemin reprenait probablement après.

Arrivées dans le labyrinthique forêt de bambous, on allait quand même pas faire demi-tour, c’était bien trop pittoresque.

Et à la sortie des bambous, dans la grande grotte naturelle avec une rivière et une chute d’eau à l’intérieur, on s’est dit que si on avait fait demi-tour, on aurait raté ça, et que ça aurait été sacrément dommage. Et que, très réalistement, la probabilité pour qu’on retrouve notre route en sens inverse dans les bambous étaient inexistante. Et puis que de toute façon, y’avait un chemin, nan ? Si il y a un chemin, ça veut dire que des gens passent par là, des fois. Si des gens passent par là, c’est que ça va quelque part. Et si ça va quelque part, nous on veut y aller aussi.

Alors qu’importent les racines traîtresses, le chemin escarpé à flanc de montagne, les ruisseaux qui transforment le sentier en bourbier, le grand glissement de terrain qui le transforme en pierrier, le soleil qui tape, les insectes et les ronces ? Car quand il faut choisir entre les chemins balisés des touristes chinois, et les chemins détournés qui tourbillonnent dans d’immenses montagnes désertes pendant des heures sans arriver nulle part, nous sommes de ces personnes qui choisiront toujours la deuxième option… Pour le meilleur, pour le pire, et pour le regard éberlué des paysans chinois qui nous ont vus descendre de la montagne cinq ou six heures plus tard, endolories, échevelées, transpirantes, boueuses, égratignées, mais fort réjouies.

Le plaisir des journées à l’arrache, des auto-stop imprévus, des bus ratés, et des montagnes luxuriantes du centre de la Chine… Une autre aventure de plus au compteur ! 

 

P1000548

 (Je posterais bien plus de photos, si seulement ça daignait charger...)

(Sinon, pour information, Chongqing a officiellement commencé sa transformation en infâme fournaise. J’ai donc prix des mesures drastiques : j’ai acheté un éventail. Aux grands maux les grands moyens.)

 

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Commentaires
M
Tiens ça ressemble fortement aux "raccourcis" que mes parents décident presque à chaque fois de prendre... pourtant ça commençait bien, un beau chemin balisé. L'autre fois ils sont rentrés 7h après et étant partis pour une petite balade... Bon c'est vrai qu'on découvre des chouettes paysages mais je pleins déjà tes futures enfants !
J
Tu compenses ton absence quasi totale de sens de l'orientation par 15 années d'éclaireurs de France et une foi inébranlable. Ceci dit en regardant la photo, quelqu'un qui aurait le sens de l'orientation hésiterait à s'engager dans cette espèce de jungle . Heureux les innocents :D
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